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Développement

Chirac ou les bonobos ?

Chirac: " Notre maison bržle, et nous regardons alileurs! " oOoh... " L'humanité a rendez-vous avec son destin! " Aaah... " Prenons garde que le XXIe siècle ne devienne pas, pour les générations futures, celui du crime de l'humanité contre la vie... " Oooh ! Encore! Fort ! Fort ! C'est beau de la part de l'exministre des agriculteurs-pollueurs, du type dont la première mesure, après son élection, fut de refuser de réduire les subventions aux agriculteurs, ces subventions qui tuent les agricultures vivrières du Sud, et dont la mesure suivante fut d'autoriser à flinguer les oiseaux migrateurs. Chirac veut donner 1OO millions d'euros au Sud. Bravo. Pendant ce temps, il donne plus de Ioim0L4ards à ses agriculteurs. Il refuse de remettre en cause la PAC avant 2006. Et ce n'est pas fini : il propose un " impôt mondial sur les profits de la mondialisation " pour aider le Sud. Même René Dumont n'osait pas.

Il est toujours un peu attristant de voir les mafieux parler d'honneur, les pollueurs d'écologie, les tortionnaires de liberté, et les apôtres de la mondialisation et de la bidonvillisation du monde de " développement durable ", mais bon, avec sa capacité à tout récupérer, comme le cancer bouffe tout ce qui est sain, il était inévitable que le capitalisme récupérât le développement durable. Car quoi de mieux que le capitalisme éternellement durable, pas vrai ?

Or le développement durable n'est même pas évident pour les écolos. Pour certains, il masque l'occidentalisation du monde. Il n'interdit pas la croissance, censée être une condition du progrès. Il n'est que le prolongement de la révolution industrielle, mâtiné de quelques activités de dépollution et de quelques fonds " éthiques " pour scouts de France et ex-syndicalistes de la CGT.

" Il faut en finir une fois pour toutes avec le développement ", dit Serge Latouche. " S'il s'agit de faire durer le développement qui dure déjà depuis deux siècles et qui dégrade les hommes et la nature ", pas question de faire durer le développement. Peut-on parler de soutenabilité, au lieu de durabilité ? Si la soutenabilité veut dire faire reculer la pauvreté et préserver les écosystèmes, pourquoi pas ?

L'idée forte du développement " durable3 ", apparemment imparable, est de ne pas mettre en cause la satisfaction des besoins des générations futures : les générations présentes sont débitrices des futures, et doivent leur remettre la Terre dans l'état où elles l'ont trouvée. Mais comment apprécier ces " besoins futurs " ? Que signifie " besoins des générations futures ", sinon " besoins des générations présentes " (goût de la bagnole, du Loft et des films de Besson) ?

Faut-il souhaiter une " décroissance conviviale "? oui, si elle est assortie d'une répartition nouvelle (20 % de l'humanité possède 80 % des " richesses " de la planète). Moins de bagnoles à Paris (décroissance), plus de flotte dans les bidonvilles. Mais si la disparition de l'illettrisme est du développement. Donc il est souhaitable. Réponse: le bushman n'est pas illettré, il a sa tradition orale, ses rites initiatiques, sa culture et sa poésie... Doit-il rester dans une réserve, sous bulle, préservé de toute contamination occidentale ? Peut-être. Simplement, étant dans une réserve, dans un rite reproductif éternel, il ne participe plus de l'humanité (I'autre humanité, les Juifs, les Grecs et nous), laquelle, visiblement, participe d'une évolution.

L'aboutissement de la " décroissance conviviale " est-il le bonobo, ce sympathique singe baiseur qui résout tous les conflits sociaux dans une vaste partouze ? Entre Chirac et le bonobo, le choix est évident.

ONCLE BERNARD

 

1. " Les mirages de l'occidentalisation du monde: en finir une fois pour toutes avec le développement " (le Monde diplomatique, mai 2001).

2. J.-M. Harribey: " Développement durable: plus dure sera la chute " (note interne AITAC).

3. Développée par le rapport Bruatland, " Notre avenir à tous ", Montréal, Fleuve, 1987, reprise a l'unanimité.

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« Celui qui
croit que la croissance peut être infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. »
Kenneth Boulding (1910-1993), président de l'American Economic Association.

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