Jouons avec la maison religieuse Golias !
Petite devinette.
La maison d’éditions confessionnelle chrétienne Golias vient de parler (pour la première fois ?) du mensuel La Décroissance. Pour ce faire, elle a demandé un article M. Jean-Baptiste Malet. Ce qu'oublie de signaler à ses lecteurs Golias, bizarrement, c’est que son journaliste est aussi à Europe Ecologie-Les Verts.
Pour « descendre » La Décroissance, Jean-Baptiste Malet est allé interroger Yves Cochet, député Europe Ecologie-Les Verts et Jean-Paul Besset, euro-député Europe Ecologie-Les Verts. Ils se prêtent à l'exercice avec entrain. Merci à eux. La Décroissance ne les a pas loupé non plus : ces deux députés Europe Ecologie-Les Verts sont de fervents partisans de Nicolas Hulot et de Yann Arthus-Bertrand, fer de lance de l'écologie capitaliste, idéologie dénoncée avec vigueur par La Décroissance. On aurait quand même préféré qu’ils argumentent, comme nous, plutôt qu’ils en profitent pour cracher leur bile.
Jean-Baptiste Malet a ensuite réalisé une interview d'Erwan Lecœur, présenté comme « sociologue et politologue » mais dont Christian Terras, rédacteur en chef de Golias, oublie à nouveau de signaler à ses lecteurs la proximité avec Europe Ecologie-Les Verts. C'est bête, hein ?
Voilà ce que nous écrivions sur le dernier ouvrage du « sociologue et politologue » dans La décroissance n°84 : « Le Petit Bréviaire écolo de Wilfrid Séjeau et Erwan Lecœur porte bien son nom. Il constitue en effet l’irréprochable manuel du penser correct pour devenir apparatchik au parti Europe Écologie-Les Verts. Premier exemple : la langue de bois. « Faut-il promouvoir la décroissance ? Si la croissance du PIB est un indice absurde qui additionne des carottes et des camions, vouloir faire décroître le PIB est tout aussi stupide. Il faut parler de ce que l’on veut faire croître et ce que l’on veut faire décroître. » Vider de son sens politique la décroissance en la résumant à une simple « décroissance de l’empreinte écologique » devant être compensée par une croissance dans d’autres domaines, c’est le jeu rhétorique habituel de la nomenklatura verte pour éluder le problème. Second exemple : la légalisation des drogues douces, parfaite illustration dans le domaine social de l’idéologie du « sans limites », fruit du capitalisme et du productivisme. Pour penser dans la ligne, vous serez bien sûr pour, par « pragmatisme », « afin de mieux contrôler la qualité des produits ». Nous sommes ici sur le versant sociétal de la pensée libérale- libertaire ; les néo-libéraux les plus purs seront d’accord, l’horreur est d’interdire, attitude liberticide s’il en est. Il convient d’« accompagner » pour s’« adapter ». « Encore une fois, les écologistes ont été pionniers. » C’est hélas vrai pour les plus médiatiques, et surtout les plus démagogues, mais pas tous ! Nos petits perroquets conviennent de surcroît que la drogue est un fléau. Mais gare à ceux qui s’écarteront de la ligne, ils seront désignés comme fascistes par une armée de petits commissaires verts, comme au bon vieux temps du stalinisme. V. C. »
Alors question, pensez-vous que l’article de Golias soit :
A - Une critique nuancée et distanciée de journaliste et sociologue sur le premier titre d’écologie politique en France, à l'image de l'article d'Eric Dupin paru dans Le Monde Diplomatique (8-2009) ?
B – Un article louangeur pour féliciter une petite équipe de faire vivre un des rares titres d’opinion indépendant et sans publicité en kiosque dans un contexte particulièrement difficile ?
C – Une descente en flammes partisane pétrie d’amalgames, de contre-sens, de procès d’intention, sous couvert de lutte contre les dérives « réactionnaires » et « antimodernes » de l’écologie politique ?
« Celui qui
croit que la croissance peut être infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. » Kenneth Boulding (1910-1993), président de l'American Economic Association.
Bêtisier du développement durable
Les textes et visuels de decroissance.org ne peuvent être reproduits sans autorisation préalable.