Au quotidien Le Monde, les chroniqueurs Jean-Paul Fitoussi, Eric Le Boucher et Pierre-Antoine Delhommais font un tour de garde pour éviter toute remise en cause de la croissance économique. Ces économistes s’emploient, peu honnêtement, à faire passer les objecteurs de croissance pour des partisans de la récession. Dernières sottises en date, celles du chroniqueur Pierre-Antoine Delhommais dans l’édition en date 23 novembre 2008 : « Décroissance, justement. Le rêve de quelques-uns est donc en train de devenir réalité. Elle se révèle un peu moins bienheureuse et réjouissante que promise. Avec une croissance négative, avec une baisse de la consommation de matières premières, la planète va certes émettre moins de C02, mais des dizaines de millions de personnes vont se retrouver au chômage dans les pays industrialisés, et, dans les pays en développement, des centaines de millions vont replonger dans l'extrême pauvreté. Les riches détruisent peut-être la planète, mais celle-ci semble quand même un peu mieux se porter - et encore plus ses habitants - quand l'économie crée des richesses. Les décroissants vont devoir trouver des arguments de vente très ingénieux pour convaincre les opinions publiques de la pertinence de leurs idées et du bien-fondé de leur projet. Ils pourraient ainsi faire partie des grands perdants de la crise des subprimes. »
Pour répondre à ces bêtises, nous mettons ci-dessous les douze réactions des abonnés du Monde sur le site de leur quotidien. Voir aussi notre page : « insultes ».
pascal p.
23.11.08 | 22h13
les réactions des lecteurs sont plus à la hauteur du Monde que son journaliste qui théorise sur des sondages, les faux humanistes qui semblent s'apitoyer sur le sort des pauvres pour nous faire gober qu'il faut maintenir le système productiviste sont des manipulateurs. les pauvres d'afrique et d'ailleurs n'ont rien à perdre de la crise d'un système où chaque point de croissance signifie la perte de leur terre, de leur moyens de subsistance, l'élargissement du fossé qui les sépare des riches
ERIC T.
23.11.08 | 13h11
Ils se moquent des créationnistes mais croient dur comme fer que la croissance économique éternelle est possible… Ils rejettent leur contradicteurs dans l'hérésie. On lance une balle en l’air et on y croit suffisamment fort pour qu’elle continue à monter toujours. Ce sont des « dévots de la croissance » comme dit Yves Cochet.
PAUL S.
23.11.08 | 11h26
Certes, il est piquant de voir Mr Sarkozy renflouer l'économie de marché avec les fonds publics mais c'est ausssi inquiétant: nous sommes donc condamnés à rester sous le joug incontrôlé du libéralisme économique. T. Picketty, économiste socialiste, a récemment imputé la crise actuelle à un ratio excessif des crédits banquaires par rapport à leurs fonds propres. En fait, "trop" d'activité économique et de croissance se financent à crédit. Quand le crédit se contracte, tout s'écroule.
Wanatoctoumi
23.11.08 | 10h18
ELB pas mort ! Curieux de voir comment des gens, adultes et sensés (on le devine) sont prompts à ramener à la surface des concepts aussi irrationnels que le Père Fouétard, ou la sorcière maléfique. Les tenants du paradigme de l'expansion sans limite vacillent sur les bases de leur conscience... ils exorcisent leur trouille. Leur sevrage va être difficile. Lisons plutôt ceci (en Une): http://www.lemonde.fr/opinions/chronique/2008/11/21/crise-environnementale-et-economique_1121410_3232.html
ynauoj
23.11.08 | 09h47
Curieuse analyse! Faîte en partant de l'apparence. Comme le disent bien les réactions : récession n'est pas une décroissance voulue, réfléchie! Et NS continue de s'agiter, mais contrairement aux Anglo-Saxons ne rentre pas dans le capital des banques. Il augmente l'endettement de la France avec un espoir de faire du "profit". Quand à OB, les faits lui donnent non pas raison mais, malheureusement, tendent à justifier la lutte des classes pour la survie des plus pauvres
Alain C.
22.11.08 | 19h06
Monsieur Delhommais, nous ne sommes pas dans une décroissance soutenable, c'est-à-dire une réduction volontaire d'une surconsommation nuisible à l'environnement, avec des mesures d'accompagnement pour assurer des conditions de vie décentes aux plus pauvres. Nous sommes au contraire dans une période de récession incontrôlée, où les pauvres s'appauvrissent. Demandez à votre collègue Hervé Kempf : il vous expliquera la différence
cadole
22.11.08 | 18h03
la décroissance est un concept économique .La récession est la sanction due à un dysfonctionement du système actuel .Il ne me semble pas que nous ayons jamais parlé ou fonctionné dans une économie de décroissance.il y a confusion des genres .
Hindbaer
22.11.08 | 17h59
Jolie, et pertinente, analyse de la situation. Et surtout confirmation de l'absolue irresponsabilité de l'élastique Zebulon 1er (merci Alévêque!). Il est là où les vents le posent.Regardez son air béat et moralisateur: il est satisfait! Le problème, c'est qu'il a réussi, AVANT, à enrichir à gogo les riches et surtout lui-même. Et à déséquilibrer pour longtemps nos vies plus modestes. sarko est un tsunami social à lui seul!
jacques L.
22.11.08 | 17h58
Il y a peut être de l'humour de dérision dans cet article, mais aucune analyse sensée. Sans être un adepte forcené de la décroissance, je suis défenseur des forêts et je me dis qu'on aurait pu épargner quelques arbres.
Jacques-Claude R.
22.11.08 | 17h30
J'ai suffisemment croisé le fer avec des "décroissantistes" pour savoir que PAD se "plante" à leur sujet. Même leurs adversaires, dont je suis, tout en voulant mettre fin au type de croissance actuelle, savent que l'on ne peut assimiler une décroissance "subie" toutes choses égales par ailleurs, et une décroissance (ou moindre croissance) voulue et pilotée comme telle. Je suis surpris par cet aveuglement de PAD.Les décroissantistes vont, au contraire, exulter : "on vous l'avait bien dit" ...
JGH
22.11.08 | 17h21
L'auteur trace un trait d'égalité entre l'omniprésident Sarkozy, partisan du libéralisme le plus débridé depuis des lustres et donc RESPONSABLE, avec ses congénères en libéralisme et Olivier Besancenot, facteur, se battant pour la sauvegarde des services publics et excellent critique des ressorts du capitalisme. Lui n'a pas attendu "la crise" pour poser les questions qui fâchent sur le capitalisme... Avant la crise ! Qu'il soit davantage écouté n'est que justice.
THOMAS W.
22.11.08 | 17h13
Je ne comprends pas cet acharnement de Pierre-Antoine Delhommais contre les objecteurs de croissance, voir même ses insultes. Dans le numéro d'octobre de La Décroissance, Paul Ariès dit bien : "Leur récession n’est pas notre décroissance". Soit Pierre-Antoine Delhommais est malhonnête intellectuellement, soit il fait un procès d'intention. Le Monde n'en sort pas grandit.
« Celui qui
croit que la croissance peut être infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. » Kenneth Boulding (1910-1993), président de l'American Economic Association.
Bêtisier du développement durable
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