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De Luc-en-Diois à Mende (du 28 juillet au 19 août 2004)

Luc-en Diois 28/07

Ça y est après deux semaines de préparation, je réussis enfin à charger Jujube et nous quittons la ferme Paulianne. Nous buvons et trinquons rapidement au départ avec un petit champagne de sureau devant l’exposition de Casseurs de pub que l’on a sorti pour la première fois. Jujube broute un petit carré d’orge germé spécialement pour le départ et elle jette un dernier coup d’œil à la ferme et au troupeau d’ânes.

C’est que la préparation a été intense. Il a fallu l’immatriculer, l’assurer, lui faire une « révision technique ».

Un peu plus loin, après le village de Recoubeau, il a fallu tout redéballer et remettre en ordre mes sacs. Et ce n’est que dans la soirée que j’ai pu monter sur le col de Penne, de nuit. Au passage du col, une lune magnifique est apparue et j’ai pu rejoindre un petit sentier dans les chênes. Jujube est en pleine forme. Je me suis couché dans un champs de thym bercé par les bruits de mastication de Jujube.

Aucelon- La Grave 29/07

Le matin nous avons continué jusqu’au village d’Aucelon, où nous avons été accueillis magnifiquement par une famille d’allemands et d’autres personnes du village. J’ai vraiment senti qu’il y avait un intérêt pour ces question de décroissance. ça a été un premier arrêt qui m’aura donné de l’énergie pour la suite.

Tout au long de cette journée et par la suite je rencontrerai de nombreuses personnes intéressées par ma démarche sur les bords des chemins.

Je suis resté à « la grave » chez un couple qui avait un gîte équestre pendant trente ans. Et en me voyant arriver complètement fatigué, ils ont accepté de m’héberger, ils m’ont offert le repas. Jujube a réussi à passer sous un fil électrique pour me rejoindre, c’était la première fois qu’ils voyaient ça en trente en de métier. Jujube a brait toute la nuit. J’ai dû me lever au milieu de la nuit pour la rassurer.

La Grave- Col du lion 30/07

C’est les grosses chaleurs. Je pars très tôt. Jujube ne voulait qu’une chose c’était rester à l’ombre. Après être arrivé dans un gîte désaffecté, elle ne voulait plus en sortir de toute l’après-midi. Cette pauvre Jujube a peur de l’inconnu, elle veut toujours retourner dans ce qu’elle a déjà passé pour voir un peu de connu, et moi je l’emmène sans arrêt dans un nouvel inconnu… c’est un peu perturbant. Mais cet état d’esprit changera progressivement au cours du voyage.

C’est sur le col de la Chaudière que j’ai pu rencontrer mon père et sa femme qui passaient dans la région. Ils sont venus en taxi, et le chauffeur était amusé par la rencontre.

Chaque fois qu’on croise d’autres animaux, que ce soient des moutons, des chèvres, des chevaux, Jujube est complètement fascinée, et il est impossible d’avancer.

Après une marche magnifique sous la lune, on a dormi dans un bel endroit en face de la montagne de Couspeau.

Col du Lion- Bourdeaux 31/07

La forêt s’est étendue, a mangé certains chemins, et d’autres ont été fermés par de nombreuses clôtures édifiées notamment pour les chevaux obèses qui paissent dans une large partie de la Drôme. En tout cas le droit de passer est bien souvent remis en cause et chacun se cloisonne.

A bezaudun, des gens très sympathiques m’ont offert un café, ils sont en train de rénover un temple. Nous avons débattu autour de tartines à la confiture. Le gros débat : faut-il remettre complètement en cause le capitalisme ? Comment le fait qu’aucun politicien ne soutienne la décroissance ? Que dire des verts ?

Après être passé dans les marnes et les chemins qui ont été largement détruits par l’érosion, je suis arrivé chez Pascaline et Alain, mes amis de Bourdeaux qui sont loueurs d’ânes (tzig’âne).

Le soir a pu être organisé un petit débat avec les gens du gîte et d’autres personnes de la région venues pour me rencontrer. On a pu débattre sur ce que l’on peut faire individuellement pour la décroissance, faut-il changer le système ?

Dans les choses à penser à faire, c’est toujours demander aux gens chez qui je suis d’autres contacts qu’ils connaissent sur la route. Pascaline et Alain m’ont « sponsorisé », notamment avec des cartes téléphoniques, une brosse, un petit pique-nique. Jujube s’est très bien entendu avec leurs ânes.

Bourdeaux- Poët Laval 01/08

Je suis passé chez Peter et Rosie pour un magnifique petit déjeuner. Ils font de la traction animale, ils font leur propre pain dans leur four à pain, ils développent l’agriculture en bio-dynamie…

Mais ils s’en vont très bientôt en Nouvelle-Zélande et revendent leur terrain. Ils aimeraient le vendre à un collectif qui reprendrait sur la base de ce qu’ils ont commencé et on a donc pu en discuter. Ils avaient aussi plein de conseils sur les ânes.

Une personne trouva que mon pauvre âne était trop chargé. C’est que les animaux domestiques sont supposés être seulement des animaux familiers qu’on nourrit avec des bonbons (et qu’on laisse mourir d’obésité). Les faire se promener en portant des charges est mal vu. L’effort physique utilitaire est mal vu, que ce soit chez les humains ou chez les animaux. Et puis voir les interactions directes avec les animaux est choquant. Alors que lorsqu’on a un mode de vie qui, de manière indirecte, détruit tout un écosystème, ça, c’est pas grave.

Difficile d’avancer en fin de journée quand l’estomac crie famine et que le bord de route est pleins de luzerne. Les voitures foncent et nous frôlent car qu’est-ce qu’on a à faire là à marcher sur le bord de la route ?!

Je suis arrivé à Poët-Laval au festival du cirque chanté grâce à Françoise et Thierry qui ont tout arrangé. J’ai tout de suite été entouré par une ribambelle d’enfants. Et Jujube a participé à un spectacle de clowns par ses braiments. On m’a offert deux assiettes pleines de couscous. Il y a eu un grand intérêt pour l’exposition. Le chapiteau a été monté par un sympathique collectif de Toulouse. J’ai fait un petit peu stupeur quand j’ai sorti le téléphone portable. Quoi ?! Quelqu’un qui remet en cause la consommation et qui sort son téléphone portable. Intéressant en tout cas que dans ces circonstances, la possession de portable n’est plus quelque chose de valorisé socialement.

Régis, qui m’a aidé à installer l’exposition, était bien au courant du journal La Décroissance et a proposé de m’héberger à Viviers

Poët Laval – Monastère d’Aiguebelle 02/08

De richissimes belges ont refusé catégoriquement le journal La Décroissance, je ressentais pour la première fois peut-être un sentiment répulsif par rapport à ce journal.

On croise des ramasseurs de lavande qui me font de grands bonjours.

L’ânesse a son rythme. Par exemple, le matin très tôt, même avant le lever du soleil, à la fin de la nuit, elle est d’une activité débordante. Elle est très active pendant toute la nuit en règle générale. Par contre à partir de midi, jusqu’à cinq ou six heures, c’est l’apathie totale, c’est directement en lien avec la chaleur.

Benjamin m’a rejoint près d’Aleyrac. Avec lui Jujube avance beaucoup plus rapidement. Il est bon pour jouer le père Croquignole derrière et faire avancer Jujube en marchant derrière elle. On a dormi dans le monastère d’Aiguebelle ou du moins, tout près des décharges de la production de sirop, dont on a pu voir les ingrédients pas toujours naturels dans l’entrepôt près duquel nous avons dormi.

Au monastère, nous sommes arrivés comme par magie dans une grotte pleine de bougies allumées. Elles semblaient toutes avoir été allumées en gloire à Jujube.

Autour, un calme absolu, et cette fontaine qui nous disait « Bois et lave-toi ». Donc on s’est lavé, on a lavé Jujube, tout le monde a bu, même Jujube, et en principe, ça devrait guérir tous les maux qu’on a, et même ceux qu’on pourrait avoir.

Monastère d’Aiguebelle – Viviers 03/08

On a mangé des mûres blanches qui étaient délicieuses. C’était une zone qui était en fait assez peu habitée, on a juste rencontré une personne dans le village de La Fraysse.

Sinon, on a eu peur de la pluie, il y a une certaine lourdeur qui est arrivée. Le temps radieux et sec a un petit peu changé mais c’est tout. Il semble que Jujube commence à sentir un peu l’accumulation du voyage et a l’air un peu fatiguée, mais avec père Croquignole derrière, elle avance bien quand même !

Bon, Ben, comment t’as vécu la traversée de la vallée du Rhône ?

Grosse envie de vomir alors que j’ai pas assez bouffé, donc c’est assez désagréable, voilà !

On est sorti du bois, un énorme TGV est passé, après il a fallu passer l’autoroute, les camions ont commencé à faire peur à Jujube, ça été l’affolement.

C’est vraiment spécial après ce moment très intense, tout d’un coup plus de TGV, d’autoroutes, de centrales nucléaires, de camions,… ça y est on est retourné dans le calme. On est encore sur notre petit chemin, ah, on a encore un petit TGV qui passe au loin, mais presque imperceptible.

Benjamin a réussi à monter en tension, là ça redescend doucement. Ca y est on redevient cool, l’ânesse reprend son pas pépère. Voilà, tout rentre dans l’ordre.
- François égal à lui-même, imperturbable, homme d’acier !
- C’est vrai que la j’avais la photo du siècle que je n’ai pas pu faire. Disons qu’on a ce droit qui existe encore de passer avec un âne sur le bord des routes, et on ne prend jamais ce droit.
- Parce que c’est super dangereux
- Après c’est réussir à s’imposer devant le gros camion, et dire « non, non, moi j’ai le droit de passer avec mon petit âne ! » Bon, ce n’est pas facile. C’est pas facile parce que lui, il a plus de force, il peut t’écraser, il a trente tonnes !

On a ensuite croisé deux sympathiques gaillards de nature « chasse, pêche et tradition » qui avaient nettoyé le chemin avec leur 4x4, qui à la question « êtes-vous pour la croissance ? », avaient l’air de pas du tout être motivés par cette croissance économique, mais pas forcément non plus par la décroissance, mais bon, faut voir. En tous cas, ils ont pris le journal.

Après descente sur Châteauneuf sur Rhône, on est rentré pas la grande porte de cette ville sans épicerie. Mais il y avait une pizzeria, et on a pu garer Jujube et tous les regards ne se sont pas portés sur les Harley Davidson garées là, mais sur Jujube qui a beaucoup impressionné. Même des mémés, des gens se sont téléphonés pour venir la chouchouter. Le directeur de la pizzeria lui a offert plusieurs pizzas !

On a trinqué à Jujube. On a traversé le Rhône et nous sommes rentrés en Ardèche.

Jujube a eu l’herbe la plus verte depuis le début du voyage, sur une petite avancée dans le Rhône.

Après, on a continué. Benjamin a essayé de draguer une nana… non, c’est pas vrai en fait. Non, une nana très sympathique, avec des beaux yeux, nous a bien accueillis, avec sa sœur et sa mère et nous a indiqué une place sympathique de Viviers pour pouvoir installer notre exposition. Jujube est montée par les escalier, héroïquement jusqu’à l’église de Viviers, et encore une fois c’était vraiment la reine du lieu.

Puis, on est partis vers le mas d’Audenas. A la sortie de la douche, une ribambelle de gens étaient apparus pour discuter et déguster les fromages régionaux, les noix ,les pommes, la soupe à l’oignon, tout ça préparé par Régis d’une manière très sympathique.

On a montré l’exposition, on a présenté un peu le voyage, on a pu rencontrer nos prochains hôtes, Dominique et Gérard, chevriers à Saint-Andéol-de-Berg. Bien qu’on soit invités et qu’il fallait a priori se montrer le plus poli possible, Jujube s’est mise à braire honteusement, comme pour dire « on n’est pas bien ici ! » ce qui est quand même pas très sympathique, on a donc essayé de la déplacer le plus loin possible.

Viviers-St Andéol de Berg 04/08

Et le matin, on a vu arriver la propriétaire des lieux très mécontente, en colère contre Jujube qui avait brait toute la nuit, et du coup en colère contre nous aussi. Mais qu’est-ce qu’on pouvait faire ? On est donc partis le plus vite possible. Et Jujube voulait partir encore plus vite, on a eu du mal à lui mettre toutes les affaires sur le dos.

On a continué, on a repassé cette rivière bizarre sans eau, pleine de cailloux, passant à côté de Saint-Thomé, magnifique village en haut d’un piton rocheux. Et en continuant par les sentiers bien balisés, par les montagnes jusqu’à Valviguère, un village extrêmement sympathique au milieu des vignes. D’abord accueillis par une mère et ses enfants, très intéressée par les idées sur la décroissance. Des gens qui avaient entendus les braiments sont venus et nous ont invité d’abord à boire un coup, puis à laver nos affaires, puis à un repas, puis à discuter, puis différentes personnes sont arrivées, on ne sait pas comment : un maréchal ferrant est venu vérifier les pattes de l’âne. On a discuté.

Il y avait Renaud, Philippe qui rénove avec du chanvre, Pierrette et Françoise. C’était très chaleureux et sympathique.

Un vigneron nous a offert une bouteille pour le voyage. Et nous voilà sur la route de Saint-Andéol-de-Berg avec les affaires qui sèchent sur l’âne.

A Ladou, juste avant St Andéol, on a rencontré Dominique qui allait arroser son jardin dans ce village avec des difficultés d’eau avec les gens qui veulent remplir leur piscine. On est allés voir les chevreaux de Dominique et Bernard. Ils ont une vingtaine de chèvres. Ils ont construit une grande bâtisse avec l’aide de la mairie en bois toute neuve pour remplacer une petite en zone inondable. Jujube a eu un pré pour elle. On a eu un chouette repas le soir avec Thierry d’Asphodèle, une association qui aide des agriculteurs à s’installer. Jujube a chanté la sérénade à tous les habitants de Ladou pour appeler ses collègues ânes de l’autre coté du village.

St Andéol – Villeneuve de Berg 05/08

L'exposition de casseurs de pub

M Moulin est prêt à me soutenir avec des sacs à bats. On a mis l’exposition dans le marché couvert de Villeneuve. Tout un centre aéré est notamment venu voir Jujube et l’exposition. Les gens sont intéressés par l’expo mais Jujube représente une attraction importante pour les faire venir. Le soir nous avons visionné un diaporama sur le voyage en âne de Stevenson, illustré par Jujube qui a brait pendant toute la séance pour la bande son. Toute la ville, incluant le maire semblait eu courant de mon périple et de notre passage dans Villeneuve de Berg. Les gens du Centre social nous ont offert un pré pour Jujube et la possibilité de dormir au sec. Le soir nous avons rencontré Sophie qui veut développer une production de pain et de toute la chaîne en amont dans le Triève.

Villeneuve de Berg – Vogüe 06/08

Sophie nous a accueilli chez elle pour un chouette petit déjeuner.

Jujube commence à marcher droit quand je suis derrière.

On a demandé à beaucoup de monde le sentier à pieds par le chemin royal, une vieille piste romaine. Mais la difficulté d’obtenir la direction nous a fait penser que les habitants ne semblent pas se déplacer souvent à pieds.

Nous avons continué jusqu’à Vogüe. La vision depuis la falaise est extrême, nous avons d’un coté le magnifique village médiéval et de l’autre coté de l’ardèche, l’horrible centre de vacance encore en construction, deux mondes. Jujube nous a impressionné dans sa descente vers le village. Nous avons rencontré Marion que nous avons rencontré guidés par le son de l’acordéon. Un fantastique moyen d’animer ces lieux médiévaux. Jujube a continué à jouer son rôle de pôle d’attraction pour permettre toujours plus de rencontres avec les touristes et les habitants. Pour cela l’âne est mieux que d’autres moyens de transport doux comme le vélo. Avez-vous déjà vu des gens s’approcher de vous parce qu’ils voulaient donner une carotte ou une caresse à votre bicyclette ? C’est rare. L’âne c’est vraiment convivial.

Nous avons fait un bain de foule dans l’ardèche. Et Tanina, une meneuse d’âne promise à un grand avenir nous a rejoint avec sa mère Blandine pour nous emmener dans notre logis de ce soir. Nous sommes reparti vers Lanas qui comme Vogüe est une zone sinistrée sans épicerie ni commerce. Tout pour les touristes mais rien pour les habitants.

Vogüe – Balazuc 07/08

Les rues moyenâgeuses de ces bourg sont des lieux d’excellence pour recréer des lieux conviviaux, où la voiture n’a pas doit de cité, mais l’âne si ! Ce sont finalement des zones mortes la plupart de l’année, tout ayant été racheté par des vacanciers motorisés absents la plupart du temps. Nous sommes arrivés à Balazuc. Là encore la foule était présente près des parkings pour se baigner en jetant un coup d’œil à sa Clio ou pour impressionner le peuple en caleçon de bain avec son nouvel engin. Mais n’en déplaise aux voiturophiles tous les yeux étaient tournés vers Jujube, surplombant la foule.

Une cinquantaine de mètres en plus et l’ardèche garde tout son caractère sauvage. Nous avons continué jusqu’à l’écosite du Vieil Audon en suivant ces berges de l’ardèche miraculeusement épargnées de la construction d’une route grâce à l’opiniâtreté des gens du Vieil Audon qui ont su garder leur lieu à l’écart des voitures. Le Vieil Audon est un village sans voiture, il faut marcher 10 minutes pour rejoindre un parking sur le haut de la falaise. Il y a là un camp avec 60 jeunes volontaires qui ;perpétuent les camps de reconstruction qui se déroulent sur ce lieu depuis 30 ans. Le vieil Audon a une démarche intéressante en développant une vie communautaire et différentes techniques écologiques telles que l ‘épuration par les roseaux, des toilettes sèches, une pompe à main pour la douche, une machine à laver actionnée par un vélo. Un magasin vend aux touristes et visiteurs des produits du lieu et locaux. Tout est rénové en utilisant des pierres locales.

J’ai été invité à boire un pot à Balazuc par les jeunes, j’ai été touché par la sympathique visite du vieil Audon qu’ils ont prévu pour moi. Puis on a mangé tous ensemble. On a débattu avec une structure très intéressante, où après une présentation générale sur la décroissance soutenable, nous nous sommes séparés en quatre groupes, pour que chacun puisse plus facilement parler. Même un groupe de jeune d’une cité de St Etienne s’est intéressé au débat qui s’est prolongé jusqu’à 1h du matin. Le débat a tout de même été perturbé par un jeune croate qui croyait toujours que l’on parlait de sa nation quand on utilisait le mot « croître ». Il a fallu expliquer que la notion de décroissance impliquait une décroissance au niveau macroéconomique mais pas forcément au niveau de chaque lieu : il est avisé de développer des lieux basés sur une faible consommation pour remplacer des lieux sièges de haute consommation. Et il est important d’en arriver à des actions pratiques.

Le vieil Audon n’est pas un lieu parfait en termes écolos : ils incinèrent certains déchets, tout n’est pas produit sur place, l’usage de la voiture est tout de même important, mais le résultat est tout à fait honorable.

Balazuc 08/08

Un autre jour de repos bien mérité. On est parti le soir pour camper à la belle étoile près d’Uzer. Et là j’ai continué mon périple.

Balazuc- Lablachère 09/08

Les genévriers sont grandioses par ici sur le plateau des Gras. Mais Jujube commence à avoir mal à une jambe, suite à une blessure au dessus du genou, dû à un fil barbelé vraisemblablement. Inquiet je suis allé voir un vétérinaire à Joyeuse, qui lui a fait une horrible piqûre d’antibiotiques et m’a donné des anti-inflammatoires pour chevaux de course. Je ne les lui ai pas administrés. J’ai préféré désinfecter régulièrement et mettre de l’argile sur sa plaie qui s’est rapidement soignée.

Bruno est venu me rejoindre avec son vélo pour faire une rencontre solennelle âne/vélo (entre modes de transports doux). Et j’ai présenté l’effet rebond au mas de Beaulieu, devant une petite audience. On a pu débattre et pique niquer et déguster un peu de la formidable récolte de tomates notamment. Le mas de Beaulieu est un centre d’expérimentation et démonstration de technique en agrobiologie. Malgré l’aridité et la mauvaise terre, ils arrivent à de chouettes productions grâce à la collecte des eaux de pluie, le paillage, l’arrosage par goutte à goutte, un exemple à suivre.

Lablachère 10/08

Il a plu comme pendant la plupart des jours de repos. J’ai pu remettre en état différentes choses.

On a pu avoir une explication du fonctionnement du mas de Beaulieu qui fonctionne grâce au soutien de nombreuses personnes derrière Pierre Rahbi.

Lablachère-Les Vans 11/08

On a pu discuter avec Pierre le matin et il nous a bien encouragé. Il était impatient qu’il n’y ait plus de pétrole et que plus de gens voyagent en âne.

Bruno, son vélo, Jujube et moi avons marché jusqu’aux Vans en passant par la Ribeyre et les Assions. Nous avons pu nous baigner dans le Chassezac près de Vompdes et déguster prunes et pêches. Nous avons rencontré quelques personnes pour une discussion sur une terrasse près d’une belle fontaine. Et nous avons suspendu l’expo au dessus des tables.

Nous avons bivouaqué le soir près de Brahic.

Brahic – Frontal 12/08

Bruno est reparti sur son vélo. Et je suis passé à Brahic puis la Coste. Après de nombreuses émotions, le sentier du facteur était vraiment difficile et Jujube m’a vraiment impressionné en réussissant à passer. Un groupe de marcheur m’a aidé à porter les sacs sur une portion ardue. A la Coste j’ai été invité à manger. Et nous avons débattu de manière intense sur la décroissance. Pour une fois des pierres plutôt que du bitume a été utilisé pour les rues du village.

J’ai continué jusqu’à Frontal. Là j’ai rencontré un groupe en discussion sur la formation d’un éco-village. On a eu un chouette débat et un chouette repas avec la quinzaine de personnes présentes. Un gros point de débat : faut-il commencer à remettre en cause la voiture.

Frontal-Villefort 13/08

Je suis reparti en pleine nuit, trop de petit moustiques ! Nous avons croisé un véritable troupeau de sangliers qui grognaient et faisaient bien peur à Jujube. Nous avons marché, marché sous les pluies d’étoiles filantes en passant par Malons et retrouvant le GR 44 jusqu’à Villefort au petit matin. A Villefort Jujube a pu rester avec une autre ânesse. Et je me suis reposé dans le gîte d’étape. Et le soir une sympathique rencontre-débat a pu avoir lieu dans la salle du conseil de ville. Simon qui a organisé la soirée a amené de nombreux fromages que nous avons pu déguster au milieu de nombreux autres mets délicieux. Simon a développé une ferme bio tout en s’occupant de jeunes en difficulté. Il nous parle de l’importance de réagir à Macdo qui est en train d’envahir le dernier département qui en était épargné (la Lozère où nous sommes). Il discute l’idée de créer un Slow-food en face pour contrecarrer son développement. Nous discutons les choses politiques concrètes qui peuvent être faite. Certaines personnes présentes ont l’impression de déjà vivre la décroissance personnellement, en produisant bio et vivant avec de faibles revenus, mais sans avoir de prises sur les développements qui continuent à se faire autour d’eux.

Villefort- le Bleymard 14/08

Je suis parti très tôt du gîte d’étape. Les autres randonneurs dormaient quand je suis arrivé et quand je suis parti. Jujube a quitté avec regret cette ânesse qui serait bien venue avec nous. Jujube suit maintenant le sentier toute seule, sans que j’ai besoin de la tenir par la corde. Savoir composer ensemble fait que tout se passe à merveilles.

Mais j’ai plus de mal à intéresser les gens sur le débat de la décroissance par ici. Est-ce parce qu’il y a plus de randonneurs/ touristes ou à cause de la mentalité locale ?

J’ai rencontré un randonneur sympathique. Il a quitté son travail il y a trois ans et tente de dépenser le minimum. Il randonne 3 mois de l’année en marchant 10 heures par jour et dors dehors toutes les nuits. Il m’affirme qu’il ne dépense pas plus que 3 euros par jour. Voilà quelqu’un qui a opéré une vraie décroissance radicale !

Par le GR 44, je passe par l’habitarelle, Villespasses, Bergognon, Pomaret, Cubières puis rejoins le GR7, le sentier de Stevenson, la piste à Anes.

Je suis arrivé le soir dans la chambre d’hôte d’Anita Klein et son mari au Bleymard, une étape sur le sentier de Stevenson. Les ânes sont prévus par ici et créent donc moins sensation aussi. C’était impossible de trouver un gîte avec dortoir et je me suis retrouvé dans une petite maisonnette tout confort (avec télé, machine à laver, micro-onde !). Et nous avons eu une discussion autour du repas. Difficile de faire passer la nouveauté de la décroissance par rapport au développement durable. Une dizaine de personnes se sont retrouvées pour un apéritif-discussion autour de la décroissance. J’ai pu présenter la décroissance à des vacanciers qui « contribuent au développement de la région ».

Le Bleymard- Causse de Mende 15/08

Je rejoins Orcières depuis St jean du Bleymard et gagne le Causse de Mende par le Causse de Masseguin. Je suis le GR44 jusqu’au Col de la Loubière. Sur la route Jujube ne veut pas passer par un pont magnifique en pierre à moitié ruiné au dessus de l’oultet. Rien n’y fit elle ne passera pas. Mais il a suffi que je la laisse filer pour qu’elle trouve toute seule un guet plus au sud qui ne pose pas problème. Le causse de Masseguin est une véritable autoroute à quads et motos tout terrains.

Mende 16-17-18-19/08

Je suis bloqué à cause des sabots de Jujube qui sont très usés. Une maréchale ferrante sympathique me conseille de confectionner des chaussures en caoutchouc. Ingénieur de formation, Vincent fait un design innovatif, et nous travaillons de façon acharnée à leur confection.

Le pique-nique se transforme en réunion d’appartement. Nous partageons de nombreux mets chez lui. Une vingtaine de personnes seront réunies grâce à Vincent et l’association eau de roche animée par Marie. Nous aurons un sympathique débat.

Il pleut orage sur orage.

Je dois partir. Je perds un autre jour à tenter désespérément de faire ferrer Jujube. Et je décide de partir comme ça.

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