Colportage au Marché de Die sous la pluie.
Le chien de nos hôtes se met à brouter, imite-t-il les ânesses ?
Je quitte avec émotion le pays du thym et de la lavande pour traverser un petit bout de Vercors. Un paysan sur son quad me prend à partie : « on a du mal vivre de la terre alors ne laissez pas vos ânes paître ici ». La nuit est douce et la lumière lunaire magnifique, je bivouaque au sommet d’une falaise.
Jujube et Ouellè descendent en galopant. Je me fais des salades délicieuses : raisins secs, algues séchées, jeunes feuilles de tilleul et hêtre, huile d’olive, germes de seigle et lentilles, noix. J’ai l’impression de voyager avec une compagne de route, jujube, qui a parfois son avis sur le chemin à prendre et qui a même parfois raison ! Nous arrivons dans la plaine du Rhône.
Je quitte le petit nid de verdure de Yannick et Christelle. Ils essayent de vivre de la nature malgré les gens de visite qui n’aiment pas toujours « chier dans un seau » en référence à leur système de toilettes à compost.
Nadège et Christophe viennent partager une journée de route. Ils ont récemment marché avec quatre ânesses entre Bretagne et Drome. Ils m’expliquent un système de corde coulissante indispensable pour garder les ânesses sur le coté de la route. Quelle plaie ces routes, tout serait parfait pour le colportage sans ces zones terrorisantes. Jusqu’ici elles me suivaient sur les chemins tout simplement, mais par ici les routes abondent à nouveau.
Nadege et Christophe à la pause de déjeuner.
Le soir : débat autour du repas dans la famille Ginon qui invite les voisins. Bribes de discussion : « on essaye de faire des choses individuellement mais on voit bien que ça ne remet pas en cause le système. « la décroissance je veux bien, mais je ne suis pas prêt à remettre en cause ma voiture ».
6562
Quittant la famille Ginon.
Enfin une route laissée aux ânes et cyclistes.
Distribution de tracts pour la conférence de ce soir à Romans. Il y aura 150 personnes.
Nous faisons des statistique de chemin sur un marché. Il y a une majorité de gens d’origine magrebine et la présence des deux ânesses crée un lien très fort avec un rythme de vie plus convivial qu’ils ont pu connaître. Le centre de Fès au Maroc est vraisemblablement la plus grande ville sans voiture.
Champs de coquelicots.
Nous sommes encore à 4 jours de marche de Lyon et la banlieue avec ses premiers lotissements commence. De nombreuses personnes font des va et vient continuels en voiture pour aller travailler à la ville, quel drôle de monde.
Nous avons une discussion dans le jardin chez une éleveuse de Bonsaï (symbole encore une fois de la décroissance ?). Nous nous apercevons qu’une majorité des personnes présentes habitent dans des demeures gigantesques car une grande partie de la famille est partie. ¨Pas étonnant que la surface d’habitation augmente continuellement en Europe, malgré tous les sans-abris. La décroissance ce serait de partager ces maisons pour éviter de construire des lotissements. Et de créer des zones d’activité où tous les besoins sont sur place.
Le symbole du développement durable : avoir une lampe allumée au milieu de nulle part
parce qu’elle fonctionne au solaire. C’est le solaire pour la croissance, au lieu du solaire
pour remplacer le pétrole et le nucléaire.
Nous discutons le soir avec une quinzaine de personnes de la confédération
paysanne.
Un arboriculteur m'apprend qu’il passe beaucoup de fruitiers
invendus au broyeur.
Pourquoi ne pas les donner à des écoles ou en planter
partout?
Voila une action réalisable partout : planter des arbres. Une mairie
des environs a eu l'heureuse initiative de planter une "route des
cerisiers".
Les villageois viennent se servir. Une autre politique
intéressante du coin :
le refus de l'éclairage dans un quartier, ils ont osé
le vouloir. Notre hôte Jean me parle
du temps des chevaux de trait. Il n’y
avait pas de sentiments me dit-il, il fallait que ça produise,
un point c’
est tout, comme quoi ce n’est pas nouveau.
Voici un symbole d’entraide.
En scrutant Lyon au loin, je me gave de cerises.
Thomas vient nous rejoindre, nous rentrons à vélo alors que les ânesses se reposent avant le départ de la grande marche, mais la piste cyclable est parsemée d’embûches.
Conférence avec 500 personnes à Lyon
Le départ de la grande marche, nous sommes 300 au départ.
Voir aussi www.decroissance.org/marche.
.
Le premier cercle de consensus : l’ambiance est fantastique.
Plus de photos de la grande marche