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Le livre « un peu nazi » d'Yves Paccalet

La décroissance côtoie le meilleur mais croise aussi parfois le pire. Le pire du pire, c’est le dernier livre d’Yves Paccalet, L’humanité disparaîtra, bon débarras ! Yves Paccalet est l’auteur d’une soixantaine d’ouvrages sur l’écologie, dont de nombreux en collaboration avec le commandant Cousteau. Le « philosophe écologiste » déclare bien que « nous ne nous en tirerons que par la vertu d’une décroissance raisonnable. » mais pour aussitôt conclure « sauf que c’est impossible parce que personne n’en veut ». Son livre exprime donc son dégoût total de l’humanité, qu’il vomit littéralement, devant les dégâts qu’elle cause à l’environnement. « L’espèce humaine est affreuse, bête et méchante. » L’humanité y est décrite comme une « tumeur ». « L’homme est le cancer de la terre. » Un « cancer » qui se développerait avec pour moteur la « pulsion sexuelle » : « Elle nous incite à nous multiplier comme le font aussi les poux, les cafards, les rats… ». Yves Paccalet fait de la philosophie de comptoir et se pense extra-lucide en réduisant l’Homme à ses pulsions et ses instincts les plus primitifs. Il prend sa misanthropie pour de l’intelligence. C’est le degré zéro de la pensée. L’humanité ne serait donc qu’une « marchandise défectueuse » vouée à s’autodétruire. Pire, l’Homme ne serait finalement fondamentalement qu’un nazi. «…nazis nous sommes. » « Je cherche l’humanité au fond de l’homme : je n’y vois que la moustache d’Hitler. » Sur ce sujet nous trouvons encore une énigmatique interrogation mêlant sexualité et nazisme « Nos fantasme et notre mépris d’autrui lors de nos relation sexuelles sont-ils moins coupables que les délires nazis ? ». La cause du mal serait la conscience de l’homme — « l’homme est méchant parce que c’est un animal pensant » — qu’il réfute d’ailleurs en emboîtant le pas des antispécistes en bestialisant l’humain. « Notre différence avec les animaux tient dans l’épaisseur de la matière grise (cortex et néocortex) que l’évolution a ajouté à notre cerveau reptilien » et en pratiquant leur même type de démonstration. « Supposons qu’il me faille choisir entre Hitler et sauver le dernier tigre… À qui porterai-je assistance ? L’humanité n’est pas sacrée. » Rejet en bloc du progrès, haine du spirituel, des humanistes, islamophobie (« Amis musulmans de grâce : encore une minute avant la fatwa ! »). A tel point qu’Yves Paccalet déclare à fin de son ouvrage, « je vois venir ma mort avec délectation. » « L’homme est une espèce jetable, à l’image de la civilisation qu’il a inventé. » 200 pages à ce rythme.

Ces personnes qui pensent nous apprendre quelque chose en nous rappelant que l’homme et ses civilisations sont mortels sont extraordinaires ! Les philosophes savent que la vie n’est qu’un passage, et que seul compte la posture que nous allons adopter. Debout, digne, résistant, espérant, ou couché et déjà mort dans sa tête comme Yves Paccalet, qui non content d’épancher dans sa haine de l’humanité cherche à répandre son défaitisme dans les esprits. Encore biologiquement vivant, il livre une prose venimeuse d’auteur couché, mort spirituellement, politiquement, humainement.

Parents, savez-vous que cet auteur déclare dans son livre faire des conférences dans les écoles à vos chères têtes blondes ? Il parle aussi de son livre à Science-Po (Dijon-8-4-2006) ou dans les médiathèques. On le retrouve sur le plateau de la chaîne de télévision de Nicolas Hulot Ushuaïa TV (7-4-2006), à France Inter (20-3-2006), France Info (1-4-2006), au journal de France 2 (30-3-2006) ou de France 3 (22-4-2006) sans que ses déclarations ne semblent émouvoir ses interlocuteurs journalistes. Alors que depuis des années un mouvement pour la décroissance humaniste et démocrate est ostracisé par les grands médias, ces derniers offrent tout à coup leur tribune au dernier à employer ce terme dans qu’il peut avoir de plus condamnable.
Les journalistes qui invitent l’auteur se justifient en invoquant l'« humour noir ». Encore eut-il fallu qu’il soit drôle, or son livre sérieux est triste comme une porte de prison, autant que dénué de tout humour. Ils n’ont sans aucun doute pas lu l’ouvrage. Peut-être Yves Paccalet se prend-il alors pour Céline ? Il ne lui ressemble que par son côté « un peu nazi ». Globe trotter infatigable et enfant gâté du monde riche, Yves Paccalet est de plus mal placé pour donner des leçons d’écologie à ses contemporains. Il figure sans conteste parmi la petite frange d’humains qui auront le plus consommé de ressources naturelles et le plus pollué.

Comment un tel texte peut-il trouver un éditeur ? Les éditions Arthaud ont une grosse responsabilité dans la diffusion de cet ouvrage. Comment les journalistes peuvent-ils manquer à tel point de conscience professionnelle pour lui donner un tel écho ? Nous savons que les horreurs commencent toujours par des mots. Ce livre antihumaniste est à ranger au rayon des ouvrages nauséabonds entre Mein Kampf et L’homme cet inconnu d’Alexis Carrel. Cet ouvrage est à vomir plus encore que l’auteur ne se déteste lui-même. Au fond, Yves Paccalet nous fait de la peine, ou plutôt pitié. Néanmoins, comme nous espérons en l’Homme, nous ne voulons pas désespérer, même de lui. C’est dire notre espoir.

Vincent Cheynet, le 8 mai 2006.

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« Celui qui
croit que la croissance peut être infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. »
Kenneth Boulding (1910-1993), président de l'American Economic Association.

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